Des métiers au service du territoire

Entretien avec Hugo FORNOS

Chargé de mission Life Biodiv'Est "Restauration et filières locales pour les prairies de demain"

© Didier Protin

Quel message souhaites-tu passer à travers ce Life ? 

“Les collectivités, les associations et même les citoyens peuvent aider en parlant de la marque Végétal Local et en privilégiant les semences locales pour leurs projets. Chacun peut jouer un rôle pour protéger la biodiversité de notre région !”

Hugo, peux-tu nous présenter ta mission  ?

Je suis chargé de mission “Restauration et filières locales pour les prairies de demain” depuis octobre 2022. Mon travail consiste à animer une action du programme LIFE Biodiv’Est  notamment sur la restauration et l’évolution des prairies naturelles vis à vis du changement climatique en Grand Est. Je contribue également à  la mise en place d’une filière de semences sauvages et locales. L’idée, c’est de récolter des graines dans des prairies de qualité, pour les réutiliser ensuite ailleurs. Cette filière permettra d’utiliser des semences adaptées à notre sol, notre climat et notre biodiversité, au lieu d’importer des graines qui ne conviennent pas toujours.

Pourquoi est-ce si important d’utiliser des semences locales plutôt qu’importées ?

La plupart des semences de prairies viennent de l’étranger, comme de Nouvelle-Zélande ou de Suisse et sont sélectionnées pour certaines de leurs qualités génétiques productivistes mais ne  ne sont pas adaptées au climat de la région, ni aux contextes pédologiques. Elles peuvent perturber les écosystèmes, ne pas convenir aux pollinisateurs locaux et même aggraver le déclin de la biodiversité. Avec des semences locales, on préserve ce qui existe déjà et on aide les espèces à se développer dans des milieux qui leur conviennent.

Concrètement, comment tu t’y prends pour animer cette action du programme LIFE ?

Mon travail au quotidien, c’est de :

  • Repérer des prairies de qualité grâce aux inventaires et aux bases de données.
  • Rencontrer les agriculteurs pour leur proposer de participer au projet.
  • Faire valoir l’intérêt économique des prairies naturelles diversifiées : même si les graines ne représentent qu’une petite partie de la prairie, il y a une demande qui se crée, et ça peut leur ouvrir de nouveaux débouchés.
  • Travailler en partenariat avec la marque Végétal Local® (une marque de l’Office français de la biodiversité), qui garantit la traçabilité des graines et leur provenance locale. Cela assure que les semences sont bien adaptées à notre région et à notre Unité Naturelle, au sens large. 

Quels sont les principaux défis dans la création de cette filière de semences sauvages locales ? 

C’est d’abord de convaincre les agriculteurs : ceux qui sont déjà sensibles à l’écologie sont plus faciles à motiver. Une fois que l’on a montré que ça fonctionne, les agriculteurs échangent entre eux et certains nouveaux agriculteurs prennent part au projet. 

C’est aussi de faire connaître la filière : la marque “Végétal Local®” est encore récente (depuis 2015), donc il faut structurer la demande pour leur donner envie de s’impliquer. 

Comment parviens-tu à convaincre les agriculteurs de rejoindre le projet ?

Certains agriculteurs sont très motivés pour tester des initiatives comme celle-ci. Certains précurseurs ont même déjà récolté leurs propres graines de prairie ! Ces derniers souhaitent rompre avec le modèle de l’agriculture intensive des années 1970, l’adapter aux enjeux actuels et travailler avec les moyens dont nous disposons aujourd’hui.

Par ailleurs, on peut aussi mettre en avant l’aspect économique : je leur montre qu’il existe une demande croissante pour ces semences, et donc de réelles opportunités à saisir.

Je procède par étapes dans ma communication : je commence par m’adresser aux agriculteurs déjà sensibilisés, puis j’élargis progressivement le cercle.
Je mets en avant leurs pratiques : participer à ce projet, c’est aussi contribuer à entretenir des prairies naturelles et diversifiées, ce qui est bénéfique pour l’environnement et valorisant pour leur image.

Quels sont les prochains objectifs pour Life Biodiv’Est ?

À court terme, notre priorité est d’impliquer davantage d’agriculteurs et de renforcer la notoriété de la marque Végétal Local®. À long terme, l’objectif est de créer un cercle vertueux : plus la demande augmente, plus les agriculteurs seront incités à s’engager, et plus nous pourrons restaurer de prairies et préserver la biodiversité.

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