Des métiers au service du territoire

Entretien avec Sophie ROY

chargée de mission life biodiv'est "Suivi biologique et services écosystémiques des prairies"

© Didier Protin

Quelle est ta fleur préférée ?

“Je n’en ai pas vraiment une… J’aime retrouver les plantes au fil des saisons. Certaines espèces me servent de repères pour annoncer les saisons : par exemple, la chicorée sur les bords de route annonce l’été… Ce n’est pas tant leur beauté qui m’attire, mais plutôt l’histoire qu’elles racontent”

 

Sophie, qu’est-ce qui t’a amenée au Parc naturel régional de Lorraine ?
Je suis arrivée en 2023 comme chargée de mission Life Biodiv’Est, un poste qui allie agriculture et biodiversité. C’est exactement le poste que je recherchais car je suis convaincue qu’il y a des enjeux majeurs autour du milieu agricole, et j’avais très envie de travailler sur cette interface, notamment en agroécologie.

Concrètement, que fais-tu au quotidien ?
Je travaille à l’échelle de la Région Grand Est pour mieux comprendre le fonctionnement des prairies permanentes et observer comment elles réagissent face au changement climatique.

Prairies permanentes… c’est-à-dire ?
Dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC), il s’agit de prairies âgées de plus de cinq ans. On distingue aussi les prairies naturelles, encore plus anciennes, avec une flore spontanée, qui n’ont jamais été semées. Elles peuvent être pâturées ou fauchées.

Y a-t-il d’autres facettes à ton métier ?

Oui, je travaille également sur la reconnaissance et la valorisation des « services rendus » par ces prairies : filtration de l’eau, stockage du carbone, maintien de la biodiversité… Ces bénéfices profitent à toute la société, mais ils existent grâce aux agriculteurs qui les entretiennent. On parle alors de « services écosystémiques » ou « services environnementaux ».

Comment valorise-t-on ces services  ?

Depuis quelques années, il existe des outils pour rémunérer les agriculteurs via les « paiements pour services environnementaux ». Dans le cadre du programme Life Biodiv’Est, je cherche à adapter ces dispositifs à l’échelle régionale, en collaboration avec les agriculteurs et de nombreux acteurs locaux.

Finalement, ton métier inclut aussi un volet sensibilisation ?

Tout à fait. Nous intervenons auprès de différents publics :

  • les élus, qui peuvent agir concrètement sur les milieux et mettre en place des outils ;
  • les techniciens, pour créer un langage commun autour de ces notions ;
  • le grand public, pour rappeler que la diversité de nos paysages – prairies, forêts… – est aussi liée à l’agriculture.

En résumé, une prairie, c’est bien plus que de l’herbe…
Exactement. Elle contribue à la qualité de l’eau, au stockage de carbone, au maintien de l’élevage et à la production de viande… Et pas n’importe quelle viande ! Une vache qui pâture produit une viande bien différente de celle issue des systèmes industriels. Sans oublier le cadre de vie : c’est agréable de se promener dans un paysage diversifié, avec parfois une flore patrimoniale très belle dans ces prairies.

Peux-tu nous en dire plus sur le programme Life Biodiv’Est ?

Lancé en 2021, c’est un programme sur dix ans porté par la Région Grand Est, financé par les fonds européens Life et d’autres partenaires comme les trois agences de l’eau, la DREAL, l’OFB… Il comprend 27 actions concrètes issues de la Stratégie régionale pour la biodiversité, sur des thèmes variés : forêt, agriculture, politique foncière, eau, animations scolaires, partenariats avec les entreprises…

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